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Féminisme38
12 juillet 2019

A propos des burkinis grenoblois !

Premiers maillots de bain

Le texte diffusé dernièrement par le Planning Familial  de Grenoble est tout à fait inopportun, notamment de la part d’un mouvement féminisme historique. En effet celui-ci a toujours défendu la libération des femmes du carcan patriarcal. Le Planning Familial de Grenoble se fourvoie car, le burkini n’est pas un maillot ni un vêtement comme les autres. Il a bien une signification, sous couvert de religion, de domination patriarcale alors que le bikini (on pourrait ajouter le minishort et la minijupe) est une mode tout à fait laïque, au grand damne des cathos quand même, plutôt au service du capitalisme qui a bien sûr utilisé la recette de l’instrumentalisation du corps des femmes mais dans un objectif purement mercantile. Ce qui est dommage, c’est que les femmes occidentales sont massivement tombées dans ce piège !

Mais ce n’est pas parce que notre société capitaliste a standardisé le corps des femmes et l’a prôné en objet  de séduction envers les hommes qu’il faut accepter qu’une religion qui tend à se refermer sur un communautarisme, enferme leur corps, de son côté.

Il faut bien voir dans cette affaire que les pouvoirs publics ont du mal à réagir de façon cohérente car, ce qui résulte de ces confrontations est l’explosion d’un choc culturel entre une société (la nôtre, libérée des carcans religieux), et d’une autre, ligotée par des courants fondamentalistes venus de pays étrangers. Ceci dit en passant, de pays où de plus en plus de femmes tentent de s’affranchir de toutes ces injonctions !

La France donc, a mis un siècle à évincer le fait religieux de son administration avec la loi de 1905. Loi qui a été suivie par le « Vatican II » (1965) qui a demandé aux hommes et femmes d’église de ne plus arborer de signes distinctifs sur la place publique. J’ai vu les soutanes et les cornettes disparaitre quand j’étais petite…

Notre passé colonialiste et notre culpabilité mal assumée nous a fait, en 1998, circonscrire l’interdiction du voile aux institutions publiques car cela semblait possible sans trop de heurts. Mais aujourd’hui, la question religieuse omniprésente dans les débats publics doit nous inciter à aller plus loin pour sauvegarder nos principes républicains de laïcité, donc de neutralité religieuse.

Si le burkini n’avait pas de connotation religieuse (donc patriarcale), ce serait qu’un vêtement comme les autres. En France, nous avons vu nos grand-mères ou arrières grand-mères laisser les premiers maillots de bains très couvrants pour des plus légers permettant vraiment de bouger en toute liberté… dans les années 1920…  Mais, à partir du moment où le burkini est justifié par le besoin de préserver la pudeur des femmes relevant d’une religion particulière, il est religieux. C’est aussi pour nous un archaïsme insupportable.

Le fait que les maires n’aient pas d’autres arguments à faire prévaloir dans les piscines publiques que la question de l’hygiène, montre en effet, comme le dit le maire de Grenoble, Eric Piole, les limites de la loi actuelle. C’est même pathétique !

Il faut aussi associer à ce thème la question des mères accompagnatrices scolaires qui revendiquent le port du voile pendant le temps scolaire. On peut effectivement se poser la question de l’image de soumission qu’elles renvoient aux jeunes élèves… Jusqu’où leur soit-disant « liberté de s’habiller comme elles veulent » ne vient pas contredire nos principes républicains ? Le voile comme le burkini n’est pas un vêtement anodin, il est également signifiant. Les deux sont des attributs religieux de soumission et non de liberté ! En tant que féministe, chaque fois que je croise une femme voilée, une mère « bâchée dans un Niqab, j’ai mal à mon sexe, mon genre, à mon identité de femme libre. Il faut aussi comprendre que pour faire société, il est indispensable que chacun respecte les codes de cette société et qui permettent d’être accepté par tous. Il faut admettre aussi que les us et coutumes qui ne sont pas de notre culture choquent, c’est bien naturel !

Je recommande le livre de Fathia AGAG-BOUDJAHLAT, « Combattre le voilement » aux éditions du Cerf, préfacé par Elisabeth Badinter, qui vient de sortir. Il est plein de ressources !

 

Brigitte Périllié

Ancienne Vice-présidente du département de l'Isère chargée des droits des femmes et de l'égalité FH 2001-2015)

Ancienne maire de Vif (2001-2008)

 

 

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