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Féminisme38
29 novembre 2016

Une charte européenne pour une égalité réelle, pourquoi ?

image Charte européenne2

Faisant des recherches dans différentes revues locales, je suis tombée sur l’expression libre des groupes politiques du Conseil métropolitain Grenoble-Alpes Métropole été 2016. Il y a un mot-clé chez moi qui accroche mes yeux et qui m’oblige toujours à lire l’ensemble du texte c’est, Egalité.

Il s’agit là du billet écrit par Mireille d’Ornano, présidente du groupe FN de la METRO, conseillère municipale à Grenoble et accessoirement députée européenne. Elle s’exprimait en la réprouvant sur la Charte Européenne pour l’égalité entre les femmes et les hommes dans la vie locale.  La Metro a adhéré à cette charte en 2007, à mon initiative,  alors que j’étais la vice-présidente chargée de cette thématique.

J’avoue que lire ce mot sur cette page m’a plutôt intriguée. Très vite, en découvrant ses propos, les bras m’en tombaient !

Pourtant je n’aurais pas dû être surprise que cette charte n’emporte pas son adhésion. Nous connaissons les thèses du FN envers l’idée du genre et la controverse dont elle a fait l’objet ces années passées. Mais enfin, Mme d’Ornano commence son propos en s’étonnant que la charte pose comme principe que l’égalité des droits entre les femmes et les hommes demande une obligation de résultats !

A quoi servirait-il donc d’inscrire, pour toutes les citoyennes et les citoyens, un principe d’égalité si l’effectivité de celle-ci n’a pas à être garantie ?

Elle dénonce ainsi un certain déni de différence entre les femmes et les hommes. A ma connaissance, personne n’a nié que biologiquement les femmes sont différentes des hommes et vice-versa. Est-ce que pour autant cette différence qui est seulement hormonale et chromosomique doit induire des inégalités dans la société ?

Elle affirme aussi que la charte ne veut  plus de la complémentarité entre les sexes ; mais de quelle complémentarité parle-t-elle ? Celles des sexes biologiques ? Pourtant, nous nous réjouissons bien souvent que cette différence-là et cette complémentarité-là nous permet de nouer des relations qui nous font passer de très bons moments dont l’intérêt et qu’elles engendrent nos progénitures. Alors, est-ce la différence des rôles sociaux ? C’est ce que démontre l’analyse genrée tant décriée par certains et pourtant si évidente. La différence des rôles sociaux est un héritage culturel dans nos sociétés, construit sur la maternité des femmes et la liberté des hommes. Laquelle a entrainé les femmes dans la soumission, les hommes voulant maitriser leur descendance et la destination leur patrimoine.  

C’est donc bien une affaire matérielle et non pas biologique qui a maintenu pendant des siècles les femmes dans la passivité et la soi-disant faiblesse physique. Nous savons aujourd’hui que si les sexes sont différents, les cerveaux sont identiques. La robustesse des corps ou les capacités intellectuelles sont le résultat des fonctions exercées par les individus et non pas par leur sexe biologique. Les femmes ont d’ailleurs bien démontré dans l’histoire leur robustesse par leur travail accompli malgré les maternités répétées. Par contre, elles n’ont pas été autorisées (par les hommes) à exercer et publier des travaux pendant des siècles. Actuellement elles vivent plus longtemps que les hommes et ont investi tous les corps professionnels ou presque.

Par la soumission, les femmes n’ont pas pu pendant des siècles gérer librement leur propre vie et c’est ce qu’elles ne peuvent plus tolérer aujourd’hui. Peu importe qui s’occupe des enfants, de la famille, du ménage… L’essentiel est la réalisation de chacune et de chacun dans le libre choix de sa vie, quel que soit son sexe. Ce que dit la charte européenne comme ce que disent les mouvements féministes, c’est que les droits qui régissent nos démocraties doivent être appliqués. Pour cela, car cela ne va pas de soi, il faut mettre en place des actions spécifiques capables de surmonter les habitudes, les préjugés, les clichés à l’égard des femmes comme des hommes et qui entravent leur liberté.

Au-delà de cette égalité des droits, c’est aussi un enjeu économique et social important car les femmes sont légèrement majoritaires dans l’espèce humaine, elles sont massivement majoritaires dans les bas salaires et les aides sociales. Elles sont largement les victimes des violences conjugales et familiales et des viols. Elles sont majoritaires dans la très grande pauvreté. Dans leurs immenses difficultés elles entrainent injustement leurs enfants, car elles sont de plus en plus souvent seules pour les élever… C’est donc une œuvre humanitaire tout autant qu’économique que d’agir de façon volontaire pour que les femmes et les hommes soient effectivement égaux dans la vie locale comme ils doivent être égaux au sein de la République Française et en Europe. C’est le but poursuivi par la Charte Européenne en proposant aux collectivités locales un cadre d’action dans lequel elles peuvent puiser des idées et construire leur politique d’égalité. Enfin, l’égalité femme-homme n’a pas de champ d’action restrictive, elle doit s’appliquer dans tous les champs de l’action publique à l’image de l’environnement. C’est d’ailleurs un axe intégré à la notion de développement durable.

J’espère que l’exemple de la METRO fera des émules parmi les autres collectivités et intercommunalités de l’Isère mais aussi en France. Depuis 2007, elle reste la seule intercommunalité à avoir signé cette charte dans notre département.

 

Brigitte Périllié

Ancienne Vice-présidente à Grenoble-Alpes Métropôle de 2004 à 2008

Ancienne Vice-présidente au Conseil départemental de l'Isère de 2001-2015

Ancienne Maire de Vif 2001-2008

Conseillère municipale de Vif

LOGO Charte européenne1

 

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